Singapour et IJCLab : alliance stratégique pour les matériaux du futur

Une délégation ministérielle singapourienne s'est rendue le 8 avril 2025 à IJCLab pour explorer des collaborations scientifiques d'excellence dans le domaine des matériaux pour l'énergie nucléaire. Cette visite marque une étape importante dans le renforcement des liens scientifiques franco-singapouriens et souligne l'expertise internationale reconnue d'IJCLab en matière de recherche sur les matériaux soumis à des conditions extrêmes.

Des perspectives de collaboration internationale prometteuses

L'accueil d'une importante délégation singapourienne à IJCLab illustre l'ambition du laboratoire de renforcer des partenariats scientifiques internationaux sur des enjeux stratégiques. Composée notamment de M. John Lim, Directeur général de la National Research Foundation, de représentants de l’Ambassade de Singapour en France, et de représentants des alliances SAFE (fusion) et SCARCE (économie circulaire), cette visite témoigne de l'intérêt croissant de Singapour pour l'expertise française dans le domaine des matériaux pour l'énergie.

Ces échanges s'inscrivent dans une stratégie nationale ambitieuse de transition énergétique. Confronté à des défis spécifiques liés à son territoire restreint et à sa forte dépendance aux importations énergétiques, Singapour cherche à diversifier ses sources d'énergie et à développer des technologies avancées pour réduire son empreinte carbone. Le pays investit massivement dans la recherche sur les technologies « propres », et s'intéresse particulièrement aux avancées dans le domaine des matériaux pour l'énergie nucléaire.

Achille Stocchi, directeur d'IJCLab, a saisi cette occasion pour présenter la vision et les capacités du laboratoire, mettant particulièrement en lumière le pôle Énergie et Environnement et ses recherches de pointe sur les matériaux du nucléaire. Cette rencontre, qui s'est déroulée en présence d'Alain Schuhl, Directeur général délégué à la science du CNRS, et de Christelle Roy, Directrice du CNRS Nucléaire et Particules, souligne l'importance stratégique de ces échanges pour l'ensemble de la communauté scientifique française.

De gauche à droite au premier rang: Christelle Roy, Directrice de CNRS Nucléaire et Particules, Etienne Augé, Vice-Président Science Ouverte de l'Université Paris-Saclay, Fadi Ibrahim, directeur-adjoint d’IJCLab, John Lim, Directeur général de la National Research Foundation. Deuxième rang : des représentants de la NRF et Claude Guet, co-directeur de l’alliance SAFE (fusion).

De gauche à droite, premier rang : Fadi Ibrahim (IJCLab), John Lim (NRF), Madhavi Srinivasan, directrice de l’alliance SCARCE (économie circulaire), Kong-Jie Kah (NRF), Alain Schuhl (CNRS), Achille Stocchi (IJCLab).

La plateforme MOSAIC : une infrastructure scientifique unique au service de la recherche et de l'innovation

Au cœur des échanges se trouvait le hall expérimental JANNuS-Orsay (Jumelage d’Accélérateurs pour les Nanosciences, le Nucléaire et la Simulation), véritable joyau technologique d'IJCLab au sein de sa plateforme d’accélérateurs d’ions MOSAIC. Cette infrastructure, dédiée à l'étude des effets des irradiations dans les matériaux, a suscité un vif intérêt de la part des visiteurs singapouriens. Frederico Garrido, directeur scientifique associé du pôle Energie et Environnement d'IJCLab, et Aurélie Gentils, directrice de recherche et responsable scientifique de la plateforme MOSAIC, ont présenté les possibilités exceptionnelles offertes par cette installation.

« Notre plateforme permet de simuler expérimentalement et d'observer en temps réel l’évolution de la microstructure de matériaux soumis à des conditions extrêmes similaires à celles rencontrées dans les réacteurs nucléaires », a expliqué Aurélie Gentils. « Cette capacité d'analyse in situ, à l’échelle nanométrique, nous offre une compréhension unique des mécanismes de dégradation des matériaux sous irradiation. »

Aurélie Gentils (IJCLab) lors de la visite du Microscope Électronique en Transmission in situ du hall JANNuS-Orsay de la plateforme MOSAIC, accompagnée de John Lim (NRF), Kong-Jie Kah (NRF), Prof Madhavi Srinivasan (NTU) co-directrice de l’alliance SCARCE, Prof. Claude Guet (NTU) co-directeur de l’alliance SAFE.

La singularité et la force du hall JANNuS-Orsay, au sein de la plateforme MOSAIC, réside dans sa configuration qui permet de combiner plusieurs faisceaux d'ions avec un microscope électronique en transmission. Couplé aux accélérateurs d’ions ARAMIS (Tandem/Van de Graaff de 2 MV) et IRMA (implanteur d'ions de 190 kV), ce microscope permet de réaliser des expériences d’irradiation in situ avec un ou deux faisceaux d’ions, à une température donnée, simulant expérimentalement avec précision les conditions extrêmes auxquelles les matériaux sont soumis dans les réacteurs nucléaires.

« Les recherches que nous menons ici ont des applications directes pour améliorer la durabilité et la sûreté des matériaux utilisés dans les installations énergétiques », a souligné Frederico Garrido. « Nos travaux sur les effets de synergie dans les matériaux soumis à une double irradiation ionique ouvrent notamment des perspectives prometteuses pour le développement de nouveaux matériaux résistants à des conditions extrêmes d’irradiation et de température. »

Des recherches aux applications concrètes

De gauche à droite : Mme Tan Puay Siang et Mr Ng Yun Chi, représentants de l’Ambassade de Singapour en France, Etienne Augé, Aurélie Gentils, Kah Kong Jie, Fadi Ibrahim, Frédérico Garrido, Achille Stocchi, Christelle Roy, Mathieu Salanne, Alain Schuhl, John Lim, Claude Guet, Madhavi Srinivasan.

Les travaux menés à MOSAIC s'articulent autour de plusieurs axes stratégiques qui s'inscrivent parfaitement dans les préoccupations énergétiques actuelles : le comportement de matériaux innovants soumis à l’irradiation, les effets de synergie dans les matériaux soumis à une double irradiation simultanée, l’effet des impuretés sur les propriétés physico-chimiques des matériaux, et la compréhension des mécanismes de synthèse de nouveaux matériaux.

Ces recherches fondamentales trouvent des applications directes dans le développement de nouveaux matériaux et l'amélioration des performances des matériaux utilisés dans des infrastructures énergétiques, contribuant ainsi à répondre aux défis majeurs de la transition énergétique et du développement durable. Pour Singapour, qui évalue actuellement différentes options pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, ces avancées scientifiques représentent un intérêt stratégique majeur.

Vers un partenariat scientifique franco-singapourien renforcé

La présentation par Mathieu Salanne, Professeur à Sorbonne Université et Professeur invité à CNRS@CREATE à Singapour, d'un projet de collaboration entre la France et Singapour, notamment avec la Nanyang Technological University (NTU), a ouvert des perspectives concrètes de coopération. La complémentarité entre l'expertise française en physico-chimie des matériaux irradiés et le savoir-faire singapourien en science des matériaux constitue un atout majeur pour le développement de solutions innovantes.

Cette rencontre franco-singapourienne témoigne de la position d'IJCLab comme acteur incontournable de la recherche internationale sur les matériaux pour l'énergie nucléaire. En favorisant de tels échanges, le laboratoire contribue activement à la construction d'un réseau scientifique mondial capable de relever les défis énergétiques et environnementaux contemporains, tout en renforçant l'influence et le rayonnement de la recherche française à l'international.

Energie et Environnement
25/06/2025 13:13